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[PRESSE] fff de Télérama pour Le volume 2 des Messes Retrouvées !
Retrouvez ci-dessous l’article paru le 25 février 2021 dans Télérama
fff = On aime beaucoup
[PRESSE] Diapason : Les Meslanges ont l’enthousiasme des défricheurs.
Un premier volume puisait déjà dans les messes de Titelouze récemment découvertes dans une bibliothèque parisienne. En plus d’être l’auteur de deux recueils de pièces d’orgue d’une importance historique depuis longtemps reconnue, nous découvrirons qu’il était aussi l’un des compositeurs de musique vocale les plus considérables de son temps.
Lorsqu’il se voit nommé organiste de la Cathédrale de Rouen en 1588, bruissent les derniers soubresauts des guerres de religion. Le retour de la paix va permettre le développement d’une activité musicale d’ailleurs jamais interrompue. Titelouze n’était pas maître de chapelle : sa production répondait donc moins à de la musique d’usage (elle ne rentrera que tardivement au répertoire de la maîtrise) qu’à des demandes pour des cérémonies particulières, dont témoigne le titre de Missa votiva. Au savant contrepoint de cet ensemble à quatre voix répond la riche texture à six de la Missa simplici corde. On ne pouvait mieux se plier aux prescriptions du Concile de Trente, la magnificence s’y accordant avec une parfaite intelligibilité du texte. Les Meslanges ont l’enthousiasme des défricheurs. La doublure des voix par des cornets, sacqueboutes, serpent ou violes crée de riches couleurs, sans jamais masquer la profération d’un texte savamment prosodié qui est leur raison d’être. Dans ce contexte, les pièces d’orgue prennent un sens nouveau, d’autant que le Magnificat se voit alterné non avec du plain-chant monodique, mais avec de la polyphonie (Bournonville, 1614). C’est donc la même musique qui circule du lutrin à la tribune, les accents des voix trouvant une subtile équivalence dans les articulations et l’ornementation qu’ajoute François Ménissier selon les préceptes de l’auteur. La cohérence est telle qu’au détour d’un enchaînement, le miracle se produit : la première note de l’orgue semble sortir d’un gosier…
Vincent Genvrin
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[PRESSE] RESMUSICA : « Messes de Jehan Titelouze, le deuxième volume très attendu par Les Meslanges »
Comme dans le premier volume, l’interprétation de l’ensemble Les Meslanges que dirige magistralement Thomas Van Essen et de l’organiste François Ménissier se situe à un très haut niveau, ce qui est une chance et permet d’entendre ce répertoire avec une approche judicieuse et informée.
Frédéric Muñoz, ResMusica – Novembre 2020
Retrouvez l’article complet ici
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[CONCERT] « Musiques aux Archives », le 10 novembre à Rouen !
Conférence musicale
10 novembre – 17h30
Archives Départementales de Seine-Maritime
MUSIQUES AUX ARCHIVES
Henry Du Mont (1610-1684)
Ensemble Les Meslanges
Thomas Van Essen, taille
Sylvia Abramowicz, basse de viole
Vincent Maurice, théorbe
Volny Hostiou, serpent
Portrait du compositeur : Henry Du Mont (1610-1684)
Ce compositeur de la Chapelle du Roy a son nom mentionné dans les Archives. Pourquoi ? Nous vous proposons de le découvrir et de jouer certains motets à voix seule et pièces instrumentales.
Entrée libre, nombre de places limité, réservation obligatoire par mail à mediation.archives@seinemaritime.fr
Auditorium du Pôle Grammont – 42, Rue Henry II Plantagênet 76100 Rouen
Port du masque obligatoire / obligation de se désinfecter les mains avant d’entrer dans l’Auditorium
[PRESSE] Rendez-vous avec Thomas Van Essen et Jehan Titelouze, par GangFlow
Par Anne-Sandrine Di Girolamo
Nous avions rendez-vous ce matin-là avec les deux musiciens Thomas Van Essen et Jehan Titelouze. Tous les curieux devraient s’y essayer. Ecouter les « messes retrouvées » de Jehan Titelouze interprétées par l’Ensemble Les Meslanges. Discuter avec Thomas Van Essen, co-directeur artistique de l’ensemble. Prendre alors rendez-vous avec une échappée des plus belles dans une époque à mi-chemin entre la Renaissance et la période baroque.
De cathédrales en bibliothèques avec Thomas Van Essen, Titelouze toujours
En 2013, l’ensemble Les Meslanges produisait un disque dédié à Jehan Titelouze, souhaitant fêter ainsi l’anniversaire présumé de sa naissance. Jehan Titelouze serait né en 1563, peut-être en 1562. Qu’importe. Dans ce disque, poétiquement intitulé « Pour une cathédrale », Les Meslanges imaginaient l’univers musical de la cathédrale de Rouen dans les années 1620. Thomas Van Essen raconte. « A cette époque, la musique vocale de Titelouze n’avait pas encore été retrouvée. On s’était dit qu’il serait intéressant d’alterner trois grandes hymnes et un Magnificat avec des voix et des instruments musicaux alors en usage, comme le cornet, le serpent et la sacqueboute. »
Il continue. « On s’était dit aussi qu’il serait bien de mettre ces partitions de Titelouze en relation avec les musiciens qui auraient pu graviter autour de lui à Rouen. Le Maître de musique à la cathédrale de Rouen puis de Notre Dame de Paris à l’époque de Titelouze, c’était Henri Frémart. Nous avons aussi pensé à Jean de Bournonville, en poste à la collégiale de Saint-Quentin, à la cathédrale d’Amiens puis à la Sainte-Chapelle de Paris. Et aussi à Artus Aux-Cousteaux, son successeur.
Le disque paraît. Il est salué par la critique. A la même époque, Thomas Van Essen rencontre à plusieurs reprises le musicologue Laurent Guillo. Le temps d’une conversation, ils évoquent Charles d’Ambleville répertorié par le Centre de Musique Baroque de Versailles et peu joué alors. Mais c’est l’ami Jehan Titelouze qui revient de façon inattendue. Laurent Guillo allait, en effet, retrouver à la Bibliothèque de Fels à l’Institut Catholique de Paris quatre messes en musique de Jehan Titelouze. Deux messes à quatre voix et deux messes à six voix. Voici le répertoire sacré de l’époque considérablement enrichi et Les Meslanges investis d’une nouvelle mission.
Des messes imprimées en 1626 : l’exemplaire intact de Marin Mersenne
Les 4 messes retrouvées de Jehan Titelouze ont été imprimées sans doute en plusieurs dizaines d’exemplaires à l’époque. Répertoriées dans les catalogues jusqu’au 18ème siècle, on n’en avait plus gardé trace. On comprend alors l’immense valeur de la découverte de Laurent Guillo à la Bibliothèque de Fels. L’exemplaire retrouvé est intacte et n’a servi qu’à la seule consultation. Son propriétaire n’était autre que l’illustre théoricien Marin Mersenne. Un autre personnage qu’on découvre grâce à Thomas Van Essen.
« Marin Mersenne. On le surnomme le secrétaire de l’Europe. Ce père Minime avait une bibliothèque incroyable, où amis et intellectuels se côtoyaient. Il a non seulement correspondu avec Descartes mais aussi avec l’Europe entière. Jusqu’en Russie ! Outre ses nombreux écrits scientifiques et religieux, il était un grand théoricien de la musique. Dans son oeuvre « L’harmonie universelle », il souhaite parler de tout ce qui concerne la musique, le son, l’accoutisque, les instruments qu’il dessine et décrit. C’est incroyable. »
Marin Mersenne a correspondu avec nombre de philosophes et de théoriciens mais avec peu de musiciens. Jehan Titelouze est le seul musicien connu à avoir correspondu avec le savant. Peut-être parce qu’il était un spécialiste et un expert reconnu de l’orgue. Sans aucun doute aussi parce qu’il était lui-même un intellectuel. Dans une lettre du 7 janvier 1633, le musicien écrit au savant : « Pour ce que vous desirez voir de moy, je n’escris point de la Theorie ; je vous en laisse la plume qui ne cède à nul autre. Et pour quelque chose de la pratique, j’ay quelques pièces qui pourront voir le jour, si le Sr Balard veut. (….) c’est quelque chose hors du commun. »
On ne connaitra sans doute jamais ce que Jehan Titelouze promettait de faire entendre à Marin Mersenne. Reste que l’histoire, transmise ainsi par des chercheurs passionnés, permet de mieux comprendre la valeur de la découverte des quatre messes retrouvées. Enregistrées au label Paraty en deux volumes, elles s’offrent comme un cadeau (et un défi) aux musiciens à qui revient la responsabilité du premier enregistrement.
Une version avec chanteurs doublée d’instruments
Comment jouer cette musique ? « Pendant longtemps, on a pensé cette musique comme étant a capella. Ces messes à 4 ou 6 voix auraient donc été chantées par 4 ou 6 chanteurs. C’est possible de faire les choses ainsi, mais cela n’est sans doute pas conforme à l’usage de l’époque, même si c’est ainsi que la musique était éditée. En effet, en 1750 par exemple, alors qu’on aurait pu éditer cette musique de façon verticale, on l’éditait encore comme au 15ème siècle, c’est-à-dire de façon séparée. Voilà l’une des raisons pour lesquelles on ne s’est pas beaucoup intéressé à cette musique. Or la musicologue Denis Launay est la première avoir affirmé que ces messes étaient « réputées » a capella. De là, les études menées par nombre de musicologues attachés au Centre de Musique Baroque de Versailles. On a pu mieux comprendre comment jouer ces messes. »
Comment Les Meslanges ont-il donc travaillé dans ces deux enregistrements ? « Nous avons voulu être le plus fidèles possibles à ce qui aurait pu être fait à l’époque de Titelouze. Nous aurions pu ajouter des parties de violon, comme Brossard le fait par exemple à la fin du 17ème siècle pour un autre compositeur. Mais avec Volny Hostiou, nous avons décidé de faire une version avec chanteurs doublée d’instruments dont on sait qu’ils étaient alors présents dans les cathédrales et les églises de France, et notamment à Rouen. Donc serpent, cornets et sacqueboutes. »
Les sacqueboutes… Thomas Van Essen, rigoureux, explicite. « Même si on a pris l’habitude de mettre des sacqueboutes pour jouer les parties intermédiaires, de doubler avec des cornets pour les parties de dessus et le serpent pour la basse, il n’existe pas de preuve que les sacqueboutes étaient bien présents pour jouer les parties intermédiaires. Mais à l’époque de Titelouze à Rouen, des achats de sacqueboutes pour soutenir les chanteurs sont bien notés. Il nous était donc possible d’avoir recours aux sacqueboutes. »
Une écriture convaincante
Les Meslanges ont choisi de soutenir chaque voix par un instrument. Avec le contrepoint ainsi mis en valeur et la verticalité préservée, ces messes de Titelouze célèbrent sans aucun doute la grandeur et le solennel. Elles sont musicalement convaincantes pourrait-on écrire. Que dire alors du texte ? Il s’agit là d’un autre sujet tout aussi passionnant.
Le texte est, en effet, une autre préoccupation de Jehan Titelouze. Même si depuis le 16ème siècle, on est conscient « des abus » de la musique franco-flamande où le texte n’était plus audible en raison des mots qu’on répète plusieurs fois et qu’on superpose, Titelouze est particulièrement soucieux de l’intelligibilité du texte dans sa musique, respectant ainsi les injonctions du Concile de Trente. Faire sonner le texte dans sa prononciation pour mieux en assurer la transmission. Voici la fin d’une conversation passionnante sur Jehan Titelouze, compositeur intellectuel et poète, avec Thomas Van Essen. Et d’espérer continuer l’échappée en écoutant les messes retrouvées de Jehan Titelouze, interprétées par l’ensemble Les Meslanges.
[PRESSE] La voix humaine de Jehan Titelouze par Forumpera.com
Par Yvan Beuvard – le 22 septembre 2020
L’écriture est le plus souvent verticale, aux imitations limitées, servant naturellement le texte et sa compréhension. Comme il était d’un usage fréquent, les parties vocales sont doublées par les cornets, les sacqueboutes et le serpent pour la messe Simplici Corde comme pour les versets intercalés du Magnificat du cinquième ton, et par un quatuor de violes pour la Missa Quatuor Vocum Votiva. Le Magnificat fait alterner la polyphonie de Bournonville, principe adopté dans le premier CD. Enfin, l’Annue Christe (des Hymnes de l’Eglise pour toucher sur l’orgue, 1623) insère deux hymnes de plain-chant, en étroite relation (Salva Redemptor et Sit tibi Jesu). La variété des climats trouve ainsi une illustration aussi séduisante que pertinente.
L’enregistrement n’appelle que des éloges. Les voix – un chanteur par partie – sont idéalement accordées, tout comme les instruments qui en assurent la doublure : l’harmonie, les équilibres et la dynamique sont au rendez-vous. Cornets, sacqueboutes et serpent, d’une part, ensemble de violes par ailleurs colorent les messes et le Magnificat et leur confèrent une profondeur inattendue. La conduite des lignes, l’intelligibilité du texte relèvent d’une incontestable maîtrise. Thomas Van Essen, orfèvre en la matière, signe non seulement une contribution majeure à la connaissance de ce répertoire mais aussi une réalisation musicale exemplaire.
On doit à Thomas Leconte, du CMBV, la passionnante introduction, qui nous plonge dans l’histoire de la maîtrise de la cathédrale de Rouen, où Titelouze tint l’orgue de 1588 à 1633, pour s’intéresser au compositeur, à son œuvre pour orgue et à ses messes. La brochure d’accompagnement décrit ensuite la composition de l’instrument de Notre-Dame de Champcueil, puis la registration des pièces enregistrées par François Ménissier.
Le nom de Titelouze est associé à l’orgue français dont il constitue le premier fleuron. « Voix humaine » ? Par-delà le jeu, alors au grand clavier (qui passera ensuite au récit), on savait que le compositeur avait publié « trois messes à 4 et à 6 voix, dont une éditée chez Ballard en 1626 ». Celles-ci ayant été découvertes par Laurent Guillo, ainsi qu’une quatrième, jusqu’ici inconnue, Thomas Van Essen et son ensemble Les Meslanges avaient entrepris leur enregistrement. Le premier volume Première mondiale après exhumation, permettait de mesurer l’importance de la découverte, maillon essentiel du passage au premier baroque. Outre leur écriture, originale à plus d’un titre, elles constituent une rareté. Titelouze est le seul organiste de son temps ayant signé des messes polyphoniques, et ces dernières sont les seules productions polyphoniques connues de la capitale normande au XVIIe S. Les mêmes interprètes nous livrent maintenant le second CD, qui achève le cycle. Les principes éditoriaux et de réalisation qui ont fait le succès du premier volet sont maintenus, conférant une grande cohérence à cette somme.